L'opposition syrienne a appelé à une réunion d'urgence de la Ligue arabe
et du Conseil de sécurité faisant état de 250 morts en 48 heures dans
des "massacres" qu'auraient perpétrés le régime, à la veille du début de
la mission d'observateurs arabes censés mettre fin aux violences.
Pour
leur part, les Etats-Unis ont mis en garde le régime du président
syrien Bachar al-Assad contre de "nouvelles mesures" internationales
s'il persistait à "violer de façon flagrante" le plan arabe de sortie de
crise qu'il a signé.
Avec 123 civils tués, d'après des militants, la
journée de mardi a été l'une des plus meurtrières depuis le début
mi-mars de la révolte anti-régime, dont la répression a fait, selon une
estimation de l'ONU, plus de 5.000 morts.
Mercredi, des dizaines de
chars ont pris d'assaut Daël dans la province de Deraa (sud) pour briser
la grève en cours depuis plus d'une semaine, a indiqué l'Observatoire
syrien des droits de l'Homme (OSDH), faisant état de "tirs nourris et
d'un grand nombre de blessés".
Vingt-deux personnes, dont six
déserteurs, un civil et 15 membres des forces gouvernementales ont péri
dans cette région, berceau de la révolte populaire.
En outre, l'OSDH a affirmé qu'une fillette de 12 ans avait également été tuée dans la province d'Idleb (nord-ouest).
De
son côté, l'agence de presse officielle Sana a fait état soir de deux
tués et sept blessés, dont un colonel, dans des attaques mercredi à Homs
(centre), haut lieu de la contestation.
Selon Sana, un passager a
été tué et six autres ont été blessés dans l'attaque de trois bus par
"un groupe terroriste armé" à l'entrée de Homs alors que le chauffeur
d'un bus de l'armée a été tué "par un groupe armé" alors qu'il allait
chercher des employés. En outre, un colonel a été amputé des deux jambes
par le tir d'une roquette RPG contre son véhicule.
Par ailleurs,
cinq ingénieurs iraniens travaillant à un projet de centrale électrique
ont été enlevés mardi à Homs (centre), a annoncé l'ambassade d'Iran à
Damas, appelant les autorités syriennes à prendre des "mesures
sérieuses" pour les libérer et identifier leurs ravisseurs.
Dans un
communiqué, le Conseil national syrien, principal mouvement
d'opposition, a appelé les Syriens à l'étranger, "leurs frères arabes et
tous les défenseurs de la liberté à organiser des manifestations
massives" devant les représentations diplomatiques syriennes dans le
monde.
Il a appelé aussi à une réunion d'urgence de la Ligue arabe et
du Conseil de sécurité de l'ONU "après les massacres horribles"
perpétrés par le régime contre des "civils non armés en particulier dans
les montagnes de Zaouia, à Idleb et à Homs".
Il demande au Conseil
de sécurité de déclarer les villes attaquées "zones de sécurité" afin
qu'elles bénéficient d'une protection internationale, et d'obliger les
forces du régime à se retirer de ces zones.
Le CNS parle encore d'un
"génocide à grande échelle" dans les montagnes de Zaouia, à Idleb et à
Homs et exhorte les agences humanitaires à intervenir en urgence.
Damas a aussitôt accusé l'opposition de vouloir saboter la mission d'observation de la Ligue arabe qui doit débuter jeudi.
"Depuis
que la Syrie a signé le protocole, elle est pleinement engagée à
faciliter la mission de la Ligue arabe pour venir voir la réalité de la
crise", a dit à l'AFP Jihad Makdissi, porte-parole du ministère des
Affaires étrangères.
"Malheureusement, l'opposition syrienne tente
sans cesse de saboter le protocole et cherche à pousser à une
intervention étrangère au lieu d'accepter l'appel à un dialogue", a-t-il
ajouté.
Washington a mis en garde Damas contre de "nouvelles
mesures" internationales, assurant que les "actes révoltants et
déplorables" commis contre les civils démontrent que M. Assad "ne mérite
pas de gouverner la Syrie".
"Deux jours seulement après la décision
du régime Assad de signer l'initiative de la Ligue arabe, il a déjà
violé de façon flagrante son engagement à mettre fin aux violences et à
retirer les forces de sécurité des zones résidentielles", a observé le
porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney.
La France a dénoncé
une "tuerie d'ampleur sans précédent" mardi et appelé la Russie à
"accélérer" les négociations au Conseil de sécurité sur son projet de
résolution.
Ce projet prévoit de condamner les violences "commises
par toutes les parties", mais Paris l'a jugé inacceptable en l'état car
il ne fait pas de différence entre les forces répressives du régime et
les manifestants.
Le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu a
jugé mercredi "inacceptables" les nouvelles violences meurtrières
survenues en dépit de la signature du protocole arabe, a rapporté
l'agence Anatolie.
Dans le même temps, un journaliste syrien
travaillant pour le quotidien libanais pro-syrien As-Safir a été arrêté
mardi à Damas alors qu'il couvrait une manifestation hostile au régime,
selon un responsable du journal.
D'autre part, le Liban a de son côté
dit enquêter sur de possibles infiltrations de militants d'Al-Qaïda en
Syrie à travers un village à la frontière est du Liban.
Sur le plan
diplomatique, le N.2 de la Ligue arabe, Ahmed Ben Helli, a annoncé mardi
qu'une équipe d'observateurs dirigée par Samir Seif al-Yazal, assistant
du secrétaire général, se rendrait à Damas jeudi. Human Rights Watch a
appelé Damas à garantir aux observateurs "un accès total".
Ces
observateurs doivent suivre l'application d'un plan de sortie de crise
qui prévoit l'arrêt de la répression, la libération de personnes
emprisonnées lors de manifestations et le retrait de l'armée des villes.